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gla ses reins de la ceinture de cuir contenant son argent et, d’un ton satisfait :

— Cinq heures vingt. Une volante (voiture) et du leste. Je solde mon addition pendant ce temps.

Trois minutes plus tard, il gesticulait dans le bureau de l’hôtel Iturbide, affolait le comptable, ordonnait de porter sa valise-portemanteau à la gare, pour le train de sept heures, payait sa note et sortait enfin au moment juste où une volante, hélée par le garçon de chambre, stoppait devant le portail.

Léger comme un sylphe, Scipion sauta dans le véhicule, jeta au volantero (cocher) cette adresse :

— Castillo de Chapultepec.

L’automédon, ravi de promener le « Champion de l’indépendance », dont le bruyant incognito venait d’être trahi par les vivats de quelques promeneurs matineux, fit claquer son fouet et la voiture partit bon train.

Elle gagna la Plaza Mayor, Massiliague adressa un petit salut amical à la cathédrale d’où il était sorti, la veille, sur les épaules d’une population délirante, eut une moue dédaigneuse pour le Palais National qui abrite la Présidence et les Ministères de la République fédérale du Mexique, regarda curieusement le Sagrario, la Casa di Cabildo, siège de la municipalité ; le Monte Pio, palais où résida le conquistador Cortez.

Puis la volante s’engagea dans la calle de Plateros, que prolonge la calle de San Francisco, large avenue longue d’un kilomètre, éclairée à l’électricité, bordée de magasins luxueux, la plupart tenus par des Français. Elle contourna ensuite les jardins de l’Alameda et gagna ainsi la superbe calsada de la Reforma, superbe avenue créée par l’infortuné Maximilien et qui relie l’Alameda au Castillo de Chapultepec (montagne de la Cigale) au sommet duquel est installé le Colegio militar (École militaire).

Entre les eucalyptus plantés sur la calsada, Scipion était emporté par le trot du cheval ; il franchissait les ronds-points, ayant des clignements d’yeux familiers pour les statues qui s’y dressent : celles de la Liberté, de Christophe Colomb et de Charles IV à cheval, en tenue d’empereur romain.

Enfin la volante s’arrêta à la base du bloc porphyrique du Castillo.

Le Marseillais enjoignit à son conducteur de l’at-