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— Quel est-il donc ?

— Le chef de mes fidèles Mayos.

— Le Puma ?

— Oui. Croyez-vous qu’il se trompe ?

Puis d’une voix assourdie :

— Même si son retour était douteux, je devrais accepter son sacrifice. Avant tout, il importe que ma marche ne soit pas retardée. Soixante millions d’hommes attendent l’indépendance de la réussite de mes projets.

Une teinte rose avait envahi les joues de la jeune fille, l’enthousiasme illuminait ses yeux noirs.

— Oh ! réussir, continua-t-elle, du ton de la prière, réussir. Assurer le triomphe de la liberté… et après, mourir, être la victime propitiatoire nécessaire à toute grande cause. Je ne veux rien de plus.

D’un geste brusque, Francis fit sauter une larme qui perlait au bord de sa paupière.

— Mais pourquoi le Puma ? demanda-t-il d’une voix rauque.

— Puisqu’il s’agit de risquer sa vie pour vous, doña, pourquoi ne m’avoir pas choisi ?

Il parlait avec un accent heurté, disant plus qu’il n’eût voulu exprimer sans doute.

Elle le considéra, un peu surprise :

— J’ai besoin de vous pour mener à bien la tâche entreprise.

— De moi ?

— Oui. Vous êtes le « Champion », depuis le jour où l’infortuné auquel avait été décerné ce titre a disparu. Le Champion doit m’accompagner à Mexico. Il faut qu’il soit le chef de la Confédération sudiste.

— Une seule a droit de commander, vous, l’inspiratrice de l’Union, vous, la sainte créature qui a convié les Américains du Sud à l’indépendance.

Elle secoua la tête :

— Dolorès Pacheco n’assistera pas au triomphe des Sudistes… elle a fait le serment sacré, et elle tiendra ce qu’elle a promis.

— Quel serment ? Quelle promesse ? interrogea le Chasseur troublé par l’accent dont elle avait parlé.

Elle refusa de répondre d’un geste doux et résigné.

— À quoi bon se dévouer ? fit-il rudement, blessé de ce mutisme. À quoi bon se dévouer, si la plus noble de toutes doit disparaître ?