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croyait être de la sollicitude à son égard, il s’éloigna brusquement :

— Reposez-vous. Je vous rapporterai des nouvelles.

Un moment plus tard, il s’éloignait à grandes enjambées, suivi par son inséparable engagé.

— Pourquoi avoir laissé les chevaux ? demanda ce dernier.

— Ils sont las, répondit le Canadien… Puis, des cavaliers ne surprennent pas l’ennemi.

— Seulement ils peuvent le fuir, grommela Pierre, entre ses dents.

Ce fut tout. Les deux hommes continuèrent à s’enfoncer côte à côte dans le désert.

Le soleil montait vers le zénith, criblant la terre de ses rayons ardents. Les herbes clairsemées craquaient comme si leurs fibres se fussent racornies à la chaleur. Les chasseurs allaient toujours, longeant la piste qui se déroulait interminablement devant eux.

Soudain, ils se trouvèrent en face d’un espace dénudé parsemé de petites éminences coniques ressemblant à de minuscules huttes de terre.

— Un camp de chiens des prairies, murmura Francis.

En effet, les chiens des prairies, curieux mammifères, plus proches des rongeurs que de la famille canine, vivent par troupes nombreuses. Chaque famille se creuse un terrier dont l’entrée est indiquée par une protubérance du sol. Ces cités souterraines couvrent parfois de vastes espaces et sont dangereuses pour les cavaliers ; la surface de la prairie, qui cache d’innombrables galeries, s’effondre souvent sous les pieds des chevaux.

Partout apparaissaient les chiens de prairie. Assis sur leur train de derrière, ils regardaient venir les chasseurs ; mais, à leur approche, ils s’enfonçaient vivement dans leurs terriers.

Francis et son engagé, accoutumés aux choses du désert, ne prêtaient aucune attention aux animaux. La piste des Indiens, zigzaguant parmi les huttes, les préoccupait seule.

— Ma foi, fit tout à coup Pierre, ou bien j’ai la berlue, ou bien, en haut du monticule que nous gravissons en ce moment, nous apercevons les lacs que l’on appelle les Lagunas Salinas.

— Dont l’eau contient autant de sel que l’océan,