Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/195

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et détail étrange, dont tous cherchaient vainement la raison, les maîtres du désert se dirigeaient sans exception vers l’est.

Puis ce furent des trouvailles singulières. Une cartouchière de la milice américaine ; un sac de peau de daim contenant plusieurs dollars ; des bouteilles brisées ayant contenu de l’eau-de-vie.

Lorsqu’on lui présentait ces objets, Dolorès fronçait les sourcils. Enfin un matin, à l’heure où finissait la marche de nuit, elle appela ses compagnons qui, de même que les autres jours, allaient se reposer.

Le Puma, les Canadiens, Rosales, Cigale, entourèrent aussitôt la jeune fille.

— Mes amis, dit-elle, tenons conseil.

Et s’adressant au Mayo :

— Chef, parlez le premier. Que pensez-vous des objets ramassés sur le sol par vos guerriers ?

L’Indien garda le silence pendant une minute, puis lentement :

— Cartouchière, argent, flacons d’eau-de-feu ?

— Oui.

— Apaches et Comanches ont quitté leurs territoires de chasses. Ennemis toujours, ils paraissent réconciliés.

— En effet.

— Et ils ont liqueurs, monnaie, ustensiles des blancs, et ils ne s’enfuient pas vers les plaines sauvages où l’on ne peut les atteindre. Ils ne craignent donc pas les blancs, ils n’ont donc pas volé ces choses.

Dolorès approuva du geste.

— Si pas volé… on a donc donné à eux. Les blancs ont fait des présents d’amitié aux hommes rouges. Et les hommes rouges se sont élancés vers l’est, à l’opposé du pays qu’ils parcourent à l’ordinaire.

— Voudriez-vous exprimer qu’ils sont enrôlés par les autorités américaines ? demanda Francis qui avait écouté avec une attention non dissimulée les explications du Mayo.

— Main-Sûre a bien compris la pensée du Puma.

Mais se reprenant :

— Tu ne sais pas. Les Mayos t’appellent Main-Sûre, parce que ta carabine ne manque jamais son but.

Gairon sourit à l’éloge et oubliant un instant le motif de la réunion :

— Et mon brave Pierre a-t-il aussi un sobriquet ?