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— Bah ! fit-il, les Indiens et nous sommes de vieilles connaissances. La poudre a souvent parlé entre nous, selon l’expression de ces coquins rouges, et nos carabines ont toujours protégé nos scalps.

Il souriait. Sa gaieté rassura la Mestiza…

— Voyez-vous, nous serions seuls avec vous, même avec vos Indios mayos, je vous répondrais de passer entre les doigts des Apaches ; mais il y a parmi nous trois personnes qui n’ont pas l’habitude des ruses de la prairie. Elles laisseront une trace qu’un enfant suivrait sans peine.

— Le seigneur Fabian, murmura Dolorès.

— Oui, et aussi le seigneur Cigale, son domestique Coëllo. Voilà pourquoi je recommande les plus minutieuses précautions.

La Mestiza inclina la tête :

— Faites donc comme vous l’entendrez. Je vous ai accepté comme champion et j’ai toute confiance en vous.

À ces dernières paroles, le Canadien rougit ; pour dissimuler son trouble, il fit volter son cheval, et adressant un signe à son engagé, il poussa l’animal vers le gué, tandis que Dolorès et son escorte mettaient pied à terre.

Un moment après, les chevaux faisaient jaillir autour d’eux, l’eau qui leur montait à peine aux genoux.

— Dites donc, chef, plaisanta alors Pierre, voilà que vous dirigez l’expédition.

Gairon affirma du geste.

— Elle place bien sa confiance, la Doña.

Un éclair brilla dans les yeux du chasseur.

— Oui, fit-il d’une voix rude, elle la place bien, car je donnerais ma vie pour elle sans hésiter… et la tienne aussi.

— Vous pouvez, chef…, vous pouvez. Je suis votre engagé, ma peau est à vous. Seulement vous me paraissez avoir changé d’idée.

— Moi, pourquoi ?

— Dame, il y a six mois d’écoulés, depuis que vous vous êtes vendu à Joë Sullivan.

— Après ?

— Pendant six mois, encore, vous devez enlever le fameux Gorgerin, si la Doña le découvre.

Francis eut un mouvement si brusque que son che-