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pouvait traverser le rio Pecos, le Puma, qui marchait en avant, revint brusquement vers le gros de la troupe.

— Qu’est-ce, chef ? questionna Dolorès.

Le Mayo répondit seulement :

— Apaches !

Un frisson courut sur l’épiderme des aventuriers. Au seuil du désert, on ne prononce jamais sans émotion, le nom des terribles Indiens bravos. Leur férocité, leurs ruses, leur haine implacable de la race blanche, les terrifiants récits qui remplissent les veillées, comme les contes de revenants dans notre pays, pénètrent les habitants d’une crainte mystérieuse.

Tomber aux mains des Apaches ou de leurs rivaux les Comanches, c’est la mort certaine après les plus horribles supplices.

Les chasseurs, en gens accoutumés à la vie du désert, furent seuls exempts de ce trouble passager.

Francis s’approcha du Puma :

— Nombreux ?

L’Indien haussa les épaules.

— Impossible à dire. Piste de guerre. Peut-être vingt. Peut-être cent.

— Dans la piste de guerre, expliqua le Canadien, les Peaux-Rouges se suivent à la file, chacun posant le pied sur l’empreinte de celui qui le précède. De cette façon ils dissimulent leur nombre.

Puis revenant au chef mayo.

— Le chef a-t-il au moins reconnu si les Apaches ont passé depuis peu ?

— Lever du soleil.

— Il y aurait donc deux heures environ ?

— Oui.

— Pas de traces de chevaux ?

— Aucune. La manada (troupe de chevaux libres guidés par une bête montée) a dû prendre une autre route, elle attend sans doute les guerriers en un point déterminé.

Francis parut réfléchir un instant, puis son expérience du Llano lui donnant en quelque sorte le commandement, il se tourna vers Dolorès :

— Doña, dit-il, veuillez faire halte en ce lieu. Pierre et moi, nous passerons le fleuve et reconnaîtrons la piste.

— Mais, c’est vous exposer.