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II

En face de trois carabines


L’hôtel Iturbide, le plus somptueux de Mexico, est installé dans l’ancien palais de l’empereur Iturbide, fusillé en 1824. Rapprochement singulier, qui donne bien la physionomie exacte de l’étrange pays mexicain, lequel, avant de trouver la stabilité gouvernementale sous son président actuel, Porfirio Diaz, s’est offert, en quarante-huit années, le chiffre coquet de deux cent cinquante-cinq révolutions.

Dans le patio, ou cour intérieure, trois personnages causaient, assis autour d’une petite table sur laquelle, en des verres de cristal taillé, tremblotait la liqueur laiteuse pulque (sève fermentée de l’aloès).

Les deux premiers, l’Américain Joë Sullivan et le Canadien Francis Gairon, interrogeaient le troisième, un pur Mexicain celui-ci, à la peau basanée, aux favoris noirs, aux yeux sombres, couvert du costume national de charro, pantalon collant évasé dans le bas et bordé de boutons d’argent, gilet ouvert, petite veste chamarrée ; l’homme était coiffé d’un sombrero de drap dont la tresse d’or et les broderies délicates indiquaient une situation élevée.