gea dans un corridor étroit, orienté de façon à traverser la maison de part en part.
Ainsi il atteignit une porte close et frappa.
— Entrez, cria-t-on de l’intérieur.
Bell obéit. La lumière du jour inondait la salle où il pénétra ; cependant les fenêtres, placées en face de l’entrée, étaient obstruées par des contrevents à lames, alias des persiennes. Mais le plafond vitré laissait passer une clarté crue, aveuglante, la clarté des ateliers de photographie.
Joë Sullivan était là.
À la vue de son domestique, le Yankee se leva précipitamment, courut à lui, et d’une voix anxieuse :
— Eh bien ?
— J’ai vu l’homme. Je lui ai raconté l’histoire que vous avez forgée.
— Bon… et qu’a-t-il dit ?
— Rien. Seulement, seulement, il m’a serré les phalanges avec tant d’effusion qu’elles en sont meurtries. J’en conclus qu’il va partir incessamment à la recherche de la Mestiza.
Joë hocha la tête avec satisfaction :
— Cela doit être ainsi. Forster s’est trompé. Ce Français a supporté ce qu’il ne pouvait pas empêcher, mais au fond il est resté dévoué à Dolorès Pacheco.
— Cela, j’en réponds. Si le pasteur Forster avait vu ses regards pendant que je lui servais mon conte, il n’en douterait plus.
— By Satan’s toe (par l’orteil de Satan), j’avais donc raison. Toutes les combinaisons diplomatiques ne valent pas une balle ou un couteau. Il n’y a que les morts dont on soit débarrassé. Laissons le gouverneur du Texas à sa politique compliquée. Le résultat actuel est que cette pécore de Mestiza nous a dépistés. Nous ignorons où elle se trouve. Peut-être touche-t-elle au but de son voyage… ?
— Comment vos engagés ne vous renseignent-ils pas ?
— Le sais-je ?
— Leur silence ne vous parait pas étrange ?
— Si, et à moins qu’ils soient défunts, je ne me l’explique pas. Ce bêta de Francis était d’une sincérité ridicule. Il a fort bien pu se trahir… Or, la jeune Dolorès est de taille à punir quiconque s’oppose à ses projets. Il doit y avoir quelque chose comme