fectuera avec certitude contre une ou plusieurs tribus du territoire indien ?
Cette fois, le Yankee garda le silence. La question l’embarrassait.
— Non, n’est-ce pas ? poursuivit le pasteur. Avouez-le donc de bonne grâce. Ma combinaison au contraire fait disparaître tous les risques. Les Comanches massacrent la Mestiza et ses compagnons. Le joaillier parisien livre le Gorgerin. Que reste-t-il dès lors de l’Union du Sud ? Rien : l’objet qui devait les rallier est faux. En outre, qui oserait accuser les États-Unis d’être pour quelque chose dans un soulèvement des peaux-Rouges, soulèvement que nos milices réprimeront avec une exemplaire sévérité, et dont le résultat sera probablement la suppression du territoire indien et sa constitution en État ?
Mais Sullivan secoua la tête :
— Avez-vous une objection à formuler ? continua Forster sans se départir de sa politesse cauteleuse, parlez sans crainte ; toute critique justifiée m’est agréable.
— Eh bien, votre combinaison, mon révérend, ne supprime pas le danger principal.
— Qui est ?
— L’existence du véritable Gorgerin.
Le rire du gouverneur s’accentua :
— Vous ne réfléchissez pas, cher sir. Savez-vous où est ce Gorgerin ?
— Non.
— La Mestiza et son escorte massacrées, quelqu’un pourra-t-il désigner l’endroit ?…
— Pas davantage.
— Alors, c’est comme si ce joyau n’existait pas ; un objet introuvable est égal à zéro. Je vais même plus loin. Le bijou fût-il découvert, que, grâce au doute jeté par mes soins dans l’esprit des populations, il passerait pour apocryphe… Donc…
— Je m’incline.
— Et bien vous faites. Vous verrez que je sais tenir compte des bonnes intentions.
Puis, d’un ton, léger qui contrastait avec le sens des paroles :
— À propos, vous n’avez pas une amitié profonde pour les chasseurs canadiens Francis et Pierre ?
— Une amitié… ma foi, non.