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Des traînées de lumière blanche, aveuglante, courent sur la plaine, éclairant les noirs surpris.

Et puis les fusils s’abaissent, crachent la mort.

Une immense clameur de rage et d’épouvante monte vers le ciel.

Les assaillants, avec une réelle bravoure, se précipitent en avant, font pleuvoir flèches et sagaies sur leurs adversaires. Quelques coups de feu même partent de leurs rangs.

Trois tirailleurs sont blessés.

Ceux-là guériront grâce aux soins du Dr  Emily.

Mais la fusillade des Soudanais se précipite. Les balles nombreuses, serrées, traversent les rangs des noirs, cliquettent contre les lances, trouent les boucliers et les poitrines.

Les cadavres s’amoncellent.

La colonne assaillante s’arrête.

Un instant encore, elle tente de résister à l’averse de feu qui tombe incessamment du fortin, mais des vides se produisent, la masse entière tourbillonne sur elle-même.

Cette fois, l’élan est bien décidément brisé.

Une dernière salve, et ceux qui ont échappé au massacre jettent leurs armes ; avec des hurlements éperdus ils reprennent le chemin de la forêt.

Mais une nouvelle catastrophe les attend.

Durant l’action, cinquante tirailleurs, sous la conduite du capitaine Germain, sont sortis du fortin par le flanc qui regarde la rivière.

Ils ont descendu la pente en courant, restant dans l’ombre.

Rien n’a trahi leur marche.

Et quand les noirs font volte-face, quand ils espèrent se mettre à couvert dans la forêt, voilà qu’une grêle de projectiles les prend en flanc.

Ils se croient entourés par l’ennemi.

Alors ce n’est plus de la terreur, c’est un vent de folie qui souffle sur eux.

Ils courent à gauche, à droite, sautent, étendent les bras, en lançant des lamentations rauques.

Quelques groupes parviennent à regagner le couvert.

Les autres s’agenouillent, se traînent dans la poussière, implorent la merci du vainqueur.

Le feu cesse.

Les captifs sont amenés au fortin.