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Parfois un rauquement éloigné vibre dans l’air.

C’est une panthère, un lion en chasse.

Et de nouveau le silence pèse sur la redoute où tout semble endormi.

Une heure ! Le commandant prête l’oreille.

On jurerait qu’un murmure léger, presque insaisissable, se produit au loin, du côté où la forêt se devine à une ligne d’ombre plus opaque.

Le capitaine Mangin accourt.

Les sentinelles ont signalé un mouvement au bas de l’éminence.

— Faut-il établir le coûtant électrique ?

— Non, j’ai réfléchi. Laissez-les approcher encore. Tout le monde est debout.

— Oui, commandant.

— Bien.

Les deux officiers écoutent sans parler.

— Capitaine ?

— Mon commandant.

— Veuillez avertir les hommes préposés à la manœuvre des lampes. Que toutes s’allument lorsque je donnerai un coup de sifflet.

— À l’instant.

Le capitaine s’éloigne au pas gymnastique.

Quelques minutes s’écoulent encore.

Maintenant le bruit est nettement perceptible.

Les assaillants gravissent le flanc du coteau.

Ils croient avoir partie gagnée.

Les blancs ont des yeux pour lire dans les livres, mais non pour apercevoir l’ennemi. Ils se pressent, afin d’escalader le retranchement, de surprendre la mission, de faire leur moisson de têtes… trophées sanglants qu’ils rapporteront triomphalement au village et qui leur vaudront les sourires des femmes.

Ils ne sont plus qu’à deux cents mètres du fossé.

Tout à coup, un son strident déchire l’air.

C’est le sifflet du commandant qui donne le signal convenu.

Et sur les remparts s’allument des étoiles à l’insoutenable éclat