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CHAPITRE VII

LE FORTIN DE BAGUESSÉ


Cependant le commandant Marchand, secondé par les capitaines Mangin et Germain, avait installé un fortin en amont des passes de Baguessé.

Car il voulait non seulement traverser le pays, mais encore l’occuper effectivement.

Les dangers qu’il allait courir, il désirait les éviter à ceux qui suivraient la route tracée par lui.

S’il réussissait à atteindre Fachoda, le chemin serait jalonné de postes, sur lesquels ses successeurs s’appuieraient.

S’il mourait à la peine, l’expédition du moins n’aurait pas été inutile, puisque ceux qui se dévoueraient à la même œuvre trouveraient une part de la tâche faite et bien faite.

C’est dans ces termes, dont l’héroïsme consciencieux n’a pas besoin de commentaires, que le chef de la mission avait annoncé aux capitaines Mangin et Germain, demeurés auprès de lui, son intention d’élever un fortin à Baguessé.

On s’était aussitôt mis à l’ouvrage.

Heureusement les matériaux de construction ne manquaient pas.

L’impénétrable forêt, qui couvre le plateau central, poussait ses arbres géants jusque sur les berges du M’Bomou.

C’était le désert de verdure, et aussi le mur, car les lianes, les vanilliers sauvages, les credytons aux fleurs rouges en forme de calice, les bahamiés, sorte de lierre dont les rameaux s’étendent parfois sur plus de cent mètres de longueur, confondaient leurs feuillages avec ceux des baobabs, des gommiers, des ébéniers, des arbres à beurre, désignés par les naturels sous le nom « d’arbre de la vache ».

C’était une orgie de frondaisons, un débordement de vie