Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le brave garçon sifflait admirablement et son talent, en cette occasion, ne fut pas peu goûté !

Le tympanon ?

Tout simplement une caisse vide, sur laquelle un grand diable de Sénégalais tapait à poings fermés.

Et cet orchestre rudimentaire suffit à ces noirs.

Profitant des bonnes dispositions générales, Baratier put explorer plusieurs lieues du M’Bomou sans encombre.

On approchait peu à peu du confluent du M’Bomou avec le Bokou ou Méré.

Il était temps d’ailleurs, car, d’après les prévisions, il restait à peine assez de vivres pour terminer l’exploration.

Leur rareté obligeait à la plus grande prudence. Et le grand fleuve coulait toujours verdâtre, entre les hautes tiges noires des arbres serrés, enlacés par les ronces et les lianes.

Pas plus qu’avant, il ne fallait compter sur la chasse ou sur la pêche.

L’approche du point terminus relevait cependant les courages et l’on avançait en chantant.

D’après l’estimation du capitaine Baratier, on était encore à trois jours de navigation de l’embouchure de la Méré. Depuis un mois on avait quitté Baguessé.

Une erreur faillit tout perdre. À l’endroit où la flottille était arrivée, le fleuve se partageait en deux bras.

Le bras gauche du cours d’eau semblait plus profond, plus navigable que l’autre, encombré de longues herbes flottantes et de joncs.

Les trois pirogues s’y engagèrent donc à toute vitesse.

Soudain, presque simultanément, les embarcations, lancées à une allure rapide, s’envasèrent sur un banc.

À force de pagaies, poussant énergiquement avec les gaffes, les équipages tentèrent de revenir en arrière.

Peine inutile !

Il fallut alors décharger les pirogues pour les renflouer.

Un îlot sablonneux émergeait à quelques mètres du théâtre de l’accident.

Les porteurs se jetèrent à l’eau, et une à une, les caisses furent portées sur le sol ferme.

Allégées, les pirogues purent franchir le banc et flottèrent emprisonnées dans une sorte de cuvette naturelle !

Combien de jours allait-on rester là ? Les vivres étaient