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dérablèment diminuée, et la liberté de l’Abyssinie, notre alliée naturelle, était compromise.

Voilà pourquoi l’on organisa la mission Congo-Nil. La route de pénétration des Anglais vers le Sud ne pouvait être, de par la configuration du pays, que le lit du fleuve autrefois rougi par Moïse. Donc une mission, partie du Congo et venant occuper une agglomération quelconque sur les berges nilotiques, assurait le succès de la France dans cette course aux territoires.

Par malheur, la chose une fois décidée en principe, on hésita beaucoup.

Le commandement fut d’abord donné, puis retiré au lieutenant-colonel Monteil, lequel, pour se venger — se venger ainsi qu’il convient à un officier de grand mérite et de grand cœur — exécuta cette marche de 4.000 kilomètres, admirée par tous, qui le conduisit, de l’Atlantique au lac Tchad et du lac Tchad à la Méditerranée.

Enfin, au début de l’année 1896, le commandant Marchand[1] fut désigné pour former, et diriger la mission.

Nous n’avons point l’intention de suivre pas à pas l’héroïque explorateur. Nous voulons seulement utiliser nos correspondances particulières, pour relater, d’après les acteurs mêmes du drame, les principales étapes d’une expédition qu’en des temps moins prosaïques, les poètes eussent chantée.

28 mai 1899.
Paul d’Ivoi.



  1. Marchand était seulement capitaine à cette époque ; il n’obtint le quatrième galon qu’à son arrivée à Fachoda.

    Toutefois, dans le récit, nous l’appellerons commandant, parce que tel est le titre donné aux chefs de mission, quel que soit leur grade.