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penchant, sur les eaux du fleuve, ses inextricables broussailles.

La marche à travers le fourré eût été absolument impossible.

Il fallait donc renoncer à la voie de terre.

Le commandant fractionna sa troupe en trois parties inégales.

L’une, de beaucoup la plus faible, fut placée sous les ordres du capitaine Baratier.

Celui-ci, avec ses hommes et trois pirogues, devait franchir les passages difficiles aussi rapidement que possible.

Il atteindrait les eaux libres, signalées au delà des chutes, et entreprendrait de jalonner le M’Bomou supérieur.

Il devait continuer sa route aussi longtemps que le cours d’eau serait navigable.

Alors seulement, il se rejetterait dans l’un des affluents de la rive droite et s’avancerait le plus loin qu’il le pourrait dans la direction du Bahr el-Ghazal.

Une seconde fraction, dirigée par Marchand lui-même et le capitaine Mangin, suivrait en pirogue jusqu’au point précis (Baguessé) où les rapides prenaient fin.

Enfin le troisième groupe, commandé par le capitaine Germain, le lieutenant de vaisseau Morin et le lieutenant Gouly, (ces deux derniers ne devaient jamais revoir leur patrie), fut chargé de faire franchir les barrages à la flottille.

C’est cette dernière troupe que nous allons suivre.

Pendant quelques jours, la navigation fut aisée.

On franchit assez rapidement les premiers barrages.

Les rives du fleuve, formées de terrain solide, permettaient de hisser à terre les chalands, vapeurs et pirogues.

Sur le sol résistant, dans une éclaircie de quelques centaines de mètres de longueur, gagnée à la hache dans le taillis bordant les berges, les équipes de porteurs, s’attelant aux embarcations de la flottille, Les faisaient glisser sur cette sorte d’écluse à sec.

Il était inutile de démonter les chalands.

Les charges restaient arrimées, et le trajet s’accomplissait sans perte de temps appréciable.

Mais bientôt Les difficultés hérissèrent le chemin.

Les barrages se rapprochèrent, le sol devint spongieux.

Les berges vaseuses, presque fluentes, dans lesquelles les