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action en ne rassurant pas de suite cette pauvre créature qui souffre et qui tremble.

Le rire de l’interprète se figea dans sa gorge.

Il pâlit, rougit, bredouilla :

— Je n’y ai pas mis de méchanceté… La question m’a paru burlesque, et, ma foi…

— Ne vous émotionnez pas, interrompit le chef de la mission déjà redevenu paternel, je sais bien que vous êtes un bon et brave cœur, Landeroin. Aussi expliquez vite à notre petite compagne noire que les Français ne se nourrissent pas de chair humaine.

— L’interprète s’exécuta avec un empressement qui montrait combien la remontrance de son supérieur lui avait été sensible.

Souriant il parla à la fillette.

Et, à mesure que les paroles parvenaient aux oreilles de l’enfant, le visage de celle-ci s’épanouissait.

Enfin elle regarda le commandant, s’approcha de lui et prononça quelques paroles incompréhensibles :

— Que dit-elle ?

— Elle dit, mon commandant, que vous êtes bon comme Rabou, le père des oiseaux et des fleurs, et qu’elle sera pour vous la gazelle privée et fidèle.

Et comme la petite parlait encore, Landeroin parut surpris :

— Quoi encore ? interrogea Marchand.

— Oh ! j’ai mal entendu. La coïncidence serait trop bizarre.

— Mais entendu quoi ?

L’interprète mit un doigt sur sa bouche, puis :

— Veuillez attendre que je l’aie fait répéter.

Il revint à l’enfant et parut la questionner.

Elle répondit sans hésiter.

Landeroin leva les bras au ciel avec un air absolument ravi.

— C’est extraordinaire.

— Mais quoi donc ? insista l’officier dont la curiosité était piquée par la singulière attitude de l’interprète, dont la placidité habituelle était proverbiale.

— C’est une véritable coïncidence.

— Mais encore.