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sainte prêchée dans tout le Soudan égyptien. On craint que le soulèvement ne gagne la Nubie et les États voisins du lac Tchad. »

Les publicistes s’en donnèrent aussitôt à cœur joie. Les occasions de « tirer à la ligne » sont rares, et celle-ci était unique.

Chacun fit étalage de ses connaissances.

Celui-ci dépeignit les contrées habitées par les Derviches, avec une autorité d’autant plus grande que, ne les ayant jamais vues, il était certain de ne pas se tromper ; tout au plus pouvait-il tromper les autres.

Celui-là, voulant dépasser son confrère dans le steeplechase de l’information, publia in extenso l’acte de naissance du Mahdi, lequel avait vu le jour en un pays où les registres de l’état civil, sont inconnus.

Un grand journal illustré publia son portrait, d’après un cliché fourni par un photographe du Caire, aimable fumiste qui avait fait poser devant son appareil un porteur d’eau nubien.

Un dernier enfin lança la nouvelle à sensation que les missions du Kordofan avaient été incendiées et tous les missionnaires mis à mort après d’atroces tortures.

Le bruit se répéta, se colporta, s’augmenta.

Chaque jour, de nouvelles dépêches, toujours de source anglaise, venaient ajouter à l’affolement général.

Et tous les cœurs épris de justice et de dévouement palpitèrent de reconnaissance, lorsque le gouvernement anglais déclara au monde civilisé que, chargé jusqu’à nouvel ordre du maintien de la tranquillité en Égypte, placé de ce fait à l’avant-garde de la civilisation, il se croyait le devoir de former une armée pour marcher contre les bandes du Mahdi.

Les peuplés naïfs ne se doutèrent point qu’ils assistaient à une simple « parade » supérieurement jouée par le Gouvernement anglais, de concert avec ses agents africains.

L’idée de Jane, adoptée par Bright, permettait aux Anglais de concentrer une armée anglo-égyptienne et de s’avancer sur Khartoum-Ondourman et Fachoda, pour couper la route à la mission Marchand, au cas où elle réussirait à continuer sa marche vers le Nil.

Dernière facétie. L’Angleterre, tenant compte du mauvais