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où ils se mirent à confectionner un nombre assez considérable de dépêches.

Quand ils eurent terminé, Bright sonna.

Un domestique grand, maigre, osseux, aux cheveux d’un blond jaune, parut au bout d’un instant :

— Joë, dit-il, je vais m’absenter avec Mademoiselle.

Le laquais inclina la tête :

— C’est bien.

— Vous resterez ici durant mon absence.

— Je resterai.

— Cela vous fera des vacances.

— Cela m’en fera.

— Cependant, je veux vous confier un travail très sérieux.

— Confiez.

Mister Bright appuya la main sur le tas de papiers, dont chacun était la minute d’un télégramme.

— Joë, voici une quarantaine de dépêches.

— Une quarantaine, si cela vous plaît.

— Elles sont datées. Je compte sur vous pour les remettre au télégraphe aux dates indiquées.

— Comptez, sir, comptez.

— Si vous vous acquittez bien de cette mission, il y aura pour vous une livre sterling par télégramme.

— Une livre, c’est bon.

— Vous avez compris ?

— Oui, j’ai…

— Alors, préparez nos bagages, avertissez nos porteurs. Ma fille et moi quitterons Léopoldville ce soir.

Le domestique salua et sortit[1].

Le soir même, Bright et Jane, en palanquins portés par des mules, entourés par une escorte peu nombreuse, sortaient de Léopoldville et, longeant le Congo, prenaient la direction du Nord.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Huit jours plus tard, les journaux d’Europe publiaient, à grand fracas, une dépêche « de source anglaise », ainsi conçue :

« Mahdi soulève populations Darfour et Kordofan. Guerre

  1. Rigoureusement exact. Si John Bright et Jane ne sont pas les seuls agents qui s’acharnèrent contre la mission, ils furent du moins les plus actifs.