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À deux ou trois reprises, alors que l’on franchissait des canaux resserrés entre des îles boisées, quelques flèches, quelques coups de feu partirent de la rive belge, à l’adresse des voyageurs.

Le tirailleur Houza fut légèrement blessé au bras.

Deux ou trois pirogues furent trouées par les projectiles, heureusement au-dessus de la ligne de flottaison.

Ce fut tout.

La mauvaise humeur des ennemis de la France se trahissait par ces procédés peu courtois, mais, en somme, la mission n’en souffrait guère.

On atteignit Mayaka.

Là, le commandant congédia ses porteurs et pagayeurs, qui, d’après les conventions de leur engagement, ne devaient pas dépasser cette localité.

Il les remplaça pas des équipes fraîches que l’administrateur Bobichon avait recrutées pour lui dans les régions du Kazango et de Bourma.

L’entrevue du commandant et de l’administrateur fut des plus cordiales.

La mission allait gagner le confluent de l’Oubanghi et de la rivière M’Bomou.

Elle remonterait ce dernier cours d’eau jusqu’au village de Rafaï.

De là elle se dirigerait vers Dem-Ziber, en traversant la vaste plaine qui s’étend entre les rivières Chinke et Dinda.

Puis, poussant droit vers le Nord, elle contournerait les marécages du Bahr-el-Ghazal, réputés infranchissables, longerait la frontière méridionale du Kordofan, les rives vaseuses du lac No et atteindrait le Nil.

Pour ces hardis pionniers de France, il semblait que la partie fût gagnée.

Déjà, ils avaient parcouru près de la moitié du chemin.

La réussite qui avait accompagné jusque-là leur entreprise leur donnait confiance en l’avenir.

Bref, l’expédition quitta Mayaka dans les plus heureuses dispositions.

La flottille abandonna son mouillage.

Sur la rive, l’administrateur et ses compagnons agitaient leur mouchoir.