Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’Oubanghi formait en ce point une anse assez profonde, dont la rive dénudée était entourée, en arc de cercle, par la lisière de la forêt.

Au loin, en aval, se faisait entendre un sourd mugissement. C’était le bruit des eaux tumultueuses des rapides que l’on venait de contourner.

Le point était propice à l’établissement du camp.

La zone découverte, existant aux abords de la petite baie, rendait la surveillance facile. Une surprise n’était pas à redouter.

De plus, le terrain, plat et dur, se prêtait merveilleusement aux opérations de remontage des embarcations de la flottille.

Toutefois, Marchand ne négligea aucune précaution : Lampes électriques, postes de garde furent installés comme la nuit précédente.

Seulement, cette fois, le chef pensa pouvoir dormir.

Or, vers minuit, une alerte se produisit. Un coup de feu éclata dans le silence.

Au même instant, le commandant bondissait hors de sa tente, et sa voix claire, exempte de toute émotion, lançait cet ordre.

— Aux faisceaux… Par escouades à vos postes de combat.

Le mouvement s’opéra sans désordre.

Les tirailleurs sénégalais sont de merveilleux soldats. Ils ont l’intuition de la guerre et, après quelques mois de service, aucune surprise ne les prend au dépourvu.

Agenouillés derrière le rempart formé par les bagages de la colonne, le doigt sur la détente de leurs armes, ils attendaient.

Mais rien ne parut. C’était une fausse alerte.

Un factionnaire, surpris par l’approche d’un crocodile qui avait rampé jusqu’à lui, avait fait usage de son fusil pour éloigner cet incommode voisin.

À cette nouvelle, chacun retourna se coucher, et la nuit s’acheva sans autre incident.

Huit jours plus tard, toute la flottille était à l’eau.

L’embarquement s’opéra sans encombre et la navigation fut reprise.

Rien ne s’opposa au passage de l’expédition.