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Marchand s’était porté en avant, pour se rendre compte de l’importance de l’obstacle placé sur sa route par des mains inconnues.

C’étaient des abatis conçus évidemment à la manière européenne.

En effet, si l’on veut rendre une route encaissée impraticable à l’artillerie et à la cavalerie, on abat des arbres en travers, et, pour leur donner plus de cohésion, on les relie par un lacis de fil de fer.

Ici on avait procédé de même.

Seulement, le fil de fer faisant défaut dans les forêts africaines, on y avait substitué des liens de joncs.

Il n’y avait donc pas de doute.

La série des tracasseries anglaises commençait.

Sous ce climat torride, tout retard d’une colonne, tout surcroît de fatigue imposé à ceux qui en font partie, sont batailles gagnées par l’ennemi.

Ce qui arrête une troupe bien armée et approvisionnée, ce n’est pas la résistance des indigènes, c’est la lassitude.

La lassitude, mère de l’anémie, mère de la fièvre, qui terrassent les plus forts, qui déciment les corps les plus entraînés et les mieux conduits.

Mais, en confiant la mission Congo-Nil au commandant Marchand, le gouvernement français avait été bien inspiré.

C’était un routier d’Afrique.

Il prévoyait tout et ne se laissait surprendre par aucun incident.

On avait barré la route pour causer aux hommes une fatigue plus grande.

Cette fatigue deviendrait un repos, de par la volonté du chef.

La coupe des buissons terminée, les porteurs furent divisés en quatre portions. Chacune travailla une heure aux abatis.

De cette façon, les noirs se reposaient trois heures sur quatre.

Puis le commandant décida, qu’à partir de ce moment, on préparerait soir et matin du thé additionné d’une faible proportion de quinine.

La boisson tonique acquiert ainsi des propriétés fébrifuges.

On peut affirmer que si le commandant Marchand a ramené