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Sa direction générale, en le prenant à partir de son confluent, est d’abord franchement du Sud au Nord, jusqu’à la station de Bangui. En ce point, la rivière s’infléchit brusquement à l’Est.

Jusque-là, la mission ne rencontra pas de difficultés.

La rivière était large, les eaux hautes et la flottille filait rapidement.

Elle franchit ainsi les postes ou les villages de Youmbé, Libembé, Gobé et Béki.

On remarquera que la consonnance se retrouve dans tous ces noms.

Et l’on ne s’en étonnera pas en apprenant que cette syllabe signifie dans la langue du pays ; agglomération ou endroit habité. Bangui, qui semble faire exception à la règle, n’est qu’une contraction des deux mots Bé Angui.

À Bangui, une halte s’imposait.

En amont de cette localité, en effet, commencent les rapides de la rivière.

C’est une série de passages resserrés, entrecoupés de chutes, qui dressent un obstacle insurmontable entre les biefs inférieur et supérieur du cours d’eau.

Obstacle qui ne surprit pas le commandant Marchand, car il était connu, prévu et étudié depuis longtemps.

Il savait qu’à Bangui, il faudrait transporter les embarcations par terre jusqu’au delà des rapides.

C’était une perte de temps considérable, il est vrai, car les vapeurs et chalands devaient être démontés, tirés à terre, et plus tard remontés ; mais, en somme, ce travail s’exécuterait dans de bonnes conditions et à proximité d’un centre populeux, qui fournirait, en hommes et en matériaux, tout ce qui serait nécessaire pour le transport de la flottille.

Enfin on était dans la saison sèche, presque aussi chaude que celle de l’hivernage, mais qui paraît beaucoup plus fraîche, parce que l’humidité a disparu et que par suite la tension électrique est moindre.

Il est à remarquer, en effet, que les Européens supportent parfaitement la chaleur sèche.

L’anémie et la fièvre ne les atteignent réellement que durant la saison humide et orageuse appelée hivernage.

Tout se passa d’abord comme l’avait prévu le commandant.