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appeler au téléphone le commandant et lui conféra à nouveau les droits souverains qu’il avait reçus du dedjaz.

La colonne partit du Harrar le 3 mai. Elle se trouvait déjà très loin de la ville, quand le commandant fut avisé que l’empereur Ménélick désirait communiquer avec lui, une dernière fois, par le téléphone. Le chef de la mission n’hésita pas à rebrousser chemin et il fit, pendant la nuit, une étape à cheval de soixante-dix kilomètres pour rejoindre ses troupes à Guildessa. Atto Marcha, chef des douanes éthiopiennes à Guildessa, offrit une escorte d’honneur pour traverser le désert de Dalle-Malle. Il avait réuni une centaine de chameaux pour le transport complémentaire des vivres et des bagages, de manière à ne pas surcharger les mules données par Tessamma.

À Dayago, sur les confins du désert, une pluie diluvienne surprit la caravane. Toutes les rivières débordaient ; un torrent se gonfla en quelques minutes à tel point qu’il fallut s’arrêter sur la rive.

Les indigènes, selon la tradition orientale, ont vu une intervention du ciel dans cette abondance de pluie. Leur respect pour le commandant Marchand prit un caractère religieux, et ils vinrent en foule lui présenter leurs hommages.

À Djibouti, le commandant Marchand devait trouver le croiseur Le D’Assas envoyé par le gouvernement pour le transporter en France.

Le lieutenant de vaisseau Ridoux, l’un des plus brillants officiers de notre marine, commandait le navire.

On sait le retour, les acclamations du peuple tout entier et ce cri, le plus éclatant hommage qui puisse être rendu à un homme :

— Vive la France ! Vive Marchand ! Vive l’honneur !

Oui, vaillants à l’âme sans peur, vaillants pétris d’honneur et de désintéressement, vous qui reveniez avec la tristesse de la retraite, le cœur de toute une nation s’offrant à vous, présent sublime et douloureux d’une époque de détresse, ce cœur a dû vous consoler.

Vous avez retrouvé ce peuple, toujours le même, enthousiaste et généreux, et sa voix a dû vous rendre l’espoir des destinées futures !

Vous vous êtes dit peut-être ;

— La première partie de la guerre africaine est terminée,