X
ADIEU, NIL !
Le 5 décembre, le Faidherbe mouillait en face de Fachoda.
Depuis une heure il avait été signalé.
Sur la rive, officiers, tirailleurs s’étaient rassemblés pour le recevoir.
Tous les yeux suivaient avec anxiété le petit vapeur, qui apportait la réponse à la question sans cesse présente à la pensée des vaillants compagnons de Marchand.
Le bateau stoppe.
Marchand et Baratier descendent sur le rivage.
Tous les entourent.
Déjà leurs visages graves, la tristesse qui émane d’eux ont appris à tous la cruelle vérité.
Mangin murmure :
— C’est donc vrai ?
Et le commandant, inclinant la tête, prononce d’une voix sourde :
— Il faut partir !
Il faut partir… il faut partir… Ces paroles volent parmi les groupes de tirailleurs.
Les faces noires grimacent, les yeux ont des lueurs sanglantes en se fixant là-bas sur les troupes anglaises qui, de loin, regardent curieusement comment les Français accepteront l’événement.
Depuis cinq jours, ils connaissent la vérité, mais ils ont gardé le secret.
Comme l’écrivait à sa famille le jeune lieutenant Hobson : Ils avaient voulu laisser à Marchand le plaisir d’annoncer la nouvelle à ses compagnons.
Les Sénégalais ont tous leurs fusils.