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Il lui détaille les opérations de montage et d’ajustage des différentes pièces des coques, des machines, du pont, des embarcations.

Cela intéresse bien vivement Jane, car elle ne se lasse pas d’interroger.

Et comme le Soudanais ne se lasse pas de répondre, elle apprend le tonnage, le gabarit de chaque bateau, son tirant d’eau, la force des machines.

Et les pages du carnet se couvrent de notes ; le porte-mine court fiévreusement sur le papier.

La visite est terminée.

Les Anglais savent tout ; ils ont tout vu, tout sans exception.

Maintenant ils vont regagner leur canot.

Ils peuvent retourner à Léopoldville, leur moisson est complète. Le gouvernement britannique connaîtra les forces dont dispose la mission, tout aussi bien que le commandant qui l’a organisée.

Pas de danger qu’ils se trompent, que les chiffres se brouillent dans leur tête, qu’ils omettent un détail essentiel.

Le carnet est là pour assurer leur mémoire.

Malgré eux, leurs traits expriment le triomphe, et c’est avec une ironie transparente qu’ils disent à leur guide combien ils regrettent de le quitter.

Ils espèrent bien le revoir.

Et Mohamed, qui est un grand « blagueur », comme tous les Ouolofs, leur répond en clignant des yeux le plus comiquement du monde.

— Moi voir toi tous les jours, fille blonde. Toi jolie ; moi triste si pas voir et rire avec toi.

Ce dont Jane s’amuse, s’amuse comme une enfant.

Comme les hommes sont bêtes… tous, tous sans exception… la couleur n’y fait rien. Blancs, rouges, jaunes ou noirs, ils sont hypnotisés par deux yeux de femme et ne soupçonnent pas les complications du cerveau qu’abritent le front poli et la chevelure soyeuse.

Avant la séparation, Mohamed veut absolument conduire les Anglais à la cantine.

Car la mission a une cantine, une grande tente de toile, au milieu de laquelle trône Bouba, la vieille Congolaise, qui rit