Abattu par un coup de feu, il se relève et, tout ensanglanté, combat. Porté à l’ordre du jour, il est décoré. Pendant les interruptions de la lutte, de soldat Marchand devient explorateur et il fait preuve de réelles qualités scientifiques. Ne détestant rien autant que l’inaction, il explore le Niger sur une canonnière, relève une partie de son cours et n’abandonne cette utile tâche que pour prendre le commandement d’un fort avancé. De cette position au reste, il continue sa mission. C’est à lui en grande partie, que nous devons la reconnaissance du Soudan et du Niger et le relevé exact des côtes du lac Débo. À Koura, en septembre, il est attaqué par ces terribles Touaregs qui ont déjà massacré Crampel, et qui doivent assassiner Morès. Après de sanglants combats où sa petite troupe périt presque entièrement, il parvient à battre en retraite sur Kabara, harcelé, privé de tout, attaqué sans cesse, presque sans nourriture et sans sommeil.
Il faut remarquer ici que c’est la destinée de cet homme héroïque, d’échapper toujours au milieu des dangers, le plus souvent blessé.
Et cette destinée, il la justifie par son indomptable énergie.
De retour au fort qu’il commande, il accomplit un de ces tours de force qu’on croit trop communément réservés aux seuls Américains ; il surveille et mène à bien en deux mois, la construction d’une route de 250 kilomètres. Ces travaux et ses hardies explorations ont facilité et éclairé la marche du colonel Archinard.
Après tant de fatigues, il a besoin de quelque repos, et il rentre en France ; mais les natures comme la sienne ne résistent pas à l’attrait de l’action. Le colonel Archinard étant entré en campagne contre Nioro, Marchand s’embarque aussitôt et devient chef de colonne. On s’empare de la capitale ; mais notre vieil ennemi Ahmadou parvient à s’enfuir, Marchand se lance à sa poursuite. Cependant sa connaissance de la région le rend plus utile comme guide et éclaireur du corps expéditionnaire et il revient indiquer la route du Niger. À la prise de Diéna, en février 1881, Marchand est dangereusement blessé, on le croit même en danger de mort. Mais là encore, sa nature de fer et son énergie farouche sauvent cet homme réservé à de plus grandes aventures, et comme lieu de convalescence, il demande et obtient d’aller à Bamakou, position avancée et dangereuse.