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Ah ! si j’étais un homme, quel bon petit soldat je ferais.

Enfin le ciel en a décidé autrement.

Donc, le sirdar qui n’avait pas compris la plaisanterie, — les Anglais ça ne comprend rien — reprend d’un air aimable.

— Et vous allez à Paris, capitaine ?

— Comme vous à Londres, mon général.

Il vous avait un air en répondant, ce petit capitaine.

J’avais envie de l’embrasser.

Mais j’ai pensé que tu aurais crié à l’inconvenance et j’ai muselé mon patriotisme.

— Vous êtes en congé ?

— Non, mon général, en mission.

— Ah !

— Oui, je porte à mon gouvernement le rapport du commandant Marchand.

— Oh ! oh !

Cela interloque le sirdar.

Mais il se remet et… tu vas voir s’il est terre à terre.

— Ce sont des éléments de discussion diplomatique que vous emportez là.

— Je le crois, mon général.

— Pensez-vous donc que la France songe à maintenir l’occupation de Fachoda.

Tu vois si c’était maladroit.

Seulement, le capitaine l’a rappelé à l’ordre, va… il est charmant.

— Ma foi, mon général, je ne sais à quoi songe la France, mais je puis vous affirmer que si cela ne dépendait que de moi, un seul drapeau flotterait sur la ville… le mien.

Du coup, le sirdar s’est rendu compte qu’il s’était engagé dans une mauvaise voie et il a détourné la conversation.

— Vous serez bien reçu en France.

— N’ayant rien fait de mal, je suis en droit de l’espérer.

— C’est juste.

— Mais le commandant Marchand, vous-même serez récompensés.

— Nous le sommes.

— Comment cela ?

Le capitaine montra sa boutonnière.

— Oui, oui, fit lourdement l’Anglais, une décoration…