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La France n’était pas en état de faire la guerre, il n’y avait donc pas à la ménager.

Et les articles violents se reproduisaient chaque jour.

Et les arsenaux anglais étaient pris d’une fièvre d’armements.

Sur toute la côte britannique on travaillait sans repos, sans trêve, afin d’augmenter encore les chances d’écraser la nation amie.

Nous soulignons ces deux mots avec intention.

Par une ironie cruelle, les publicistes anglais désignaient ainsi la France.

Et, jouets d’une aberration incompréhensible, il se trouvait des Français, il s’en trouve encore pour préconiser l’alliance avec l’Angleterre.

Je sais bien que, dans toute association, il y a un trompeur et un trompé ; mais enfin une nation digne de respect doit s’efforcer de n’être ni l’un ni l’autre.

Bref, la question paraissant insoluble, les cabinets décidaient que l’un des officiers de la mission Congo-Nil serait appelé à Paris, afin d’y remettre le rapport du commandant Marchand et d’assurer ainsi une base sérieuse de discussion.

Averti, Marchand désigna le capitaine Baratier.

Celui-ci gagna le Caire, Alexandrie.

Il s’embarqua à bord du vapeur Sénégal où, par suite d’une coïncidence assez bizarre, le sirdar Kitchener avait également pris passage.

Voici comment une aimable femme, épouse d’un fonctionnaire de l’administration indo-chinoise, raconte ses impressions en voyant les deux hommes en présence.

La lettre adressée à une amie a dû être tronquée, car elle contenait des confidences toutes personnelles ; Nous remercions cependant la destinaire de nous avoir autorisé à en publier les extraits qui suivent.

« … Cela a été drôle au possible. »

À l’heure du déjeuner, le sirdar est arrivé des premiers.

Il s’est installé à table en homme doué d’un appétit exigeant.

Si bien que j’ai pu l’examiner tout à mon aise, car il n’avait d’yeux que pour son assiette.

Eh bien, il ne m’a pas plu, mais là pas du tout.