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que chacun arborerait son drapeau comme soldats exécutant leur consigne, et que, les gouvernements auraient ensuite à discuter sur la validité de cet acte.

Or, à peine son pavillon hissé, le sirdar fait litière de ses promesses.

Il affirme que l’Égypte a repris formellement possession du moudinieh de Fachoda.

Il n’y a plus de discussion possible.

Cela ne lui suffit pas.

Une sorte d’armistice a été conclu entre les adversaires.

L’Anglais en profite pour remonter le Nil avec les quatre canonnières et les chalands qui restaient disponibles.

Le 20 septembre, il arrive au confluent du Sobat et du Nil-Blanc.

En ce point, il arbore le drapeau égyptien et y installe un fortin auquel il donne pour garnison un demi-bataillon d’infanterie, des canons Maxim et une canonnière.

Puis il occupe le Bahr-el-Ghazal.

Et ayant ainsi, au mépris des règles les plus élémentaires du droit des gens, coupé la ligne de ravitaillement de la mission Congo-Nil, il décrète que le transport du matériel de guerre et des vivres par le Nil est interdit à toute embarcation naviguant sous, un autre pavillon que le pavillon anglais.

Le but était d’affamer la mission Marchand et de la mettre dans l’impossibilité de renouveler ses munitions.

Au retour, il passa par Fachoda et avisa ironiquement le commandant des dispositions qu’il venait de prendre.

Il avait déjà, du reste envoyé un vapeur à Ondourman, afin de télégraphier à Londres que la mission Congo-Nil se trouvait dans une situation lamentable, sans munitions et sans vivres.

Et, sans doute pour se réserver la possibilité de se vanter de son humanité, il expédia à Marchand une caisse de vin.

Pour ne pas demeurer en reste de politesse, Marchand envoya à son tour au sirdar, au moment où celui-ci s’embarquait, une provision de légumes frais et une gerbe de fleurs, avec cette lettre d’une courtoisie exquise et d’uns ironie bien française :

Mon général,

Je viens d’apprendre que vous avez laissé une caisse de