Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un geste mécontent lui échappe.

Évidemment il se dit à part lui :

— Ces Français sont fous.

Mais une sorte de respect le pénètre pour ces braves qui narguent son armée, sa puissante artillerie.

Il est soldat aussi, et peut-être que s’il n’était porteur d’ordres formels de l’amirauté, il s’inclinerait.

Peut-être, disons-nous, car il ne laisse rien paraître de ses sentiments.

Il salue le sous-officier pour lui indiquer que l’entrevue est terminée.

Et tandis que le noir descend dans son canot, l’officier anglais fait un geste.

Go ahead… en avant, crie le capitaine de la canonnière.

La flottille reprend sa marche à toute vapeur, laissant en arrière la barque française dont l’équipage pagaie avec rage.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Là-bas, sur les-remparts de Fachoda, Marchand et ses officiers sont rassemblés.

Ils regardent vers le Nord, d’où les ennemis doivent fondre sur eux.

Ils voient les canonnières, les chalands garnis de soldats.

C’est l’Angleterre qui marche contre la France.

Que voulez-vous ?

Depuis Jeanne d’Arc, c’est toujours la même chose. Seulement l’Angleterre a plus d’or aujourd’hui.

Une à une les canonnières stoppent un peu en aval de Fachoda. Les chalands se rangent sous la protection de leurs canons.

Toujours calme, Marchand descend vers le rivage. Germain l’accompagne.

Par son ordre une embarcation est là, les rameurs à leur poste.

Les officiers s’asseoient à l’arrière et le commandant désigne de la main le Fatah, sur lequel il a reconnu le fanion du général anglais.

Le bateau glisse sur l’eau, laissant en arrière un sillage qu’aplanit bien vite le courant.

Il vient se ranger le long de la canonnière.

À la coupée, le sirdar attend.