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respectueusement, pour vous d’abord et pour la vaillante armée que vous commandez.

« Ce devoir bien agréable rempli, je crois devoir, vous informer que, par ordre de mon gouvernement, j’ai occupé le Bahr-el-Ghazal jusqu’à Meschra-el-Reck et au confluent du Bahr-el-Dgebel, puis le pays chillouk, de la rive gauche du Nil-Blanc jusqu’à Fachoda, où je suis entré le 10 juillet dernier.

« Le 25 août, j’ai été attaqué dans Fachoda par une expédition derviche, composée de deux vapeurs que je crois être le Chiben et le Kao-Kao, montés par 1.200 hommes environ avec de l’artillerie. Le combat, engagé à six heures quarante du matin, s’est terminé à cinq heures du soir par la fuite des deux vapeurs que le courant sauva, avec ce qui restait de monde à bord. La plupart des grands chalands remorqués furent coulés et le Chiben fortement avarié.

« À la suite de cette affaire, dont la première conséquence comportait la libération du pays chillouk, j’ai signé avec le sultan, le 3 septembre, un traité plaçant le pays chillouk de la rive gauche du Nil-Blanc sous le protectorat de la France, sauf ratification par mon gouvernement.

« J’ai envoyé expédition du traité en Europe, d’abord par la voie du Sobat et de l’Abyssinie, puis par le Bahr-el-Ghazal et Meschra-el-Reck, où mon vapeur Le Faidherbe se trouve actuellement, avec l’ordre de m’apporter des renforts que je jugeais nécessaires pour défendre Fachoda contre une seconde attaque de Derviches, plus forte que la première, et que j’attendais vers le 25 courant. Votre arrivée l’a empêchée.

« Je vous présente donc mes souhaits de bienvenue dans le Haut-Nil et prends bonne note de votre intention de venir à Fachoda, où je serai heureux de vous saluer au nom de la France.

« Signé : Commandant Marchand,
« Gouverneur pour la France des pays chillouks
et des territoires du Bahr-el-Ghazal. »xxxx

Le sourire reparut sur toutes les physionomies.

Le commandant avait si bien rendu ce qu’il y avait de colère et de dédain dans le cœur de tous.

Ainsi le général anglais avait pu croire qu’il lui suffirait d’annoncer sa venue avec des forces supérieures, pour que la