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— Bien, j’y vais de ce pas.

— C’est cela. Chargez un gradé de recruter les hommes nécessaires, car je tiens à vous avoir comme auditeur.

Le capitaine sortit, s’acquitta rapidement de la mission qui lui avait été confiée.

Puis il rejoignit ses camarades qui discutaient avec animation.

Au même moment, Marchand parut sur le seuil.

À sa vue, les conversations cessèrent.

Un grand silence se fit.

Tous ces hommes, liés par les dangers affrontés en commun depuis trois années, sentaient qu’une heure décisive allait sonner.

Jamais, à aucune époque, la mission française n’avait rencontré péril aussi grand.

Jamais la fermeté n’avait été aussi nécessaire qu’en ce moment.

Le commandant promena autour de lui son regard clair.

— Vous êtes tous là, mes chers camarades, et tous vous avez pris connaissance de l’étrange lettre, à moi adressée par le général anglais Kitchener.

Ils répondirent oui d’un signe de tête.

— Bien. Voici ce que je crois bon et convenable de lui répondre.

Lentement, avec une nuance d’ironie dans la voix, le chef lut :

« Fachoda, 19 septembre.
« Mon général,

« J’ai l’honneur de vous accuser réception de votre honorée, datée de Babiou, 18 septembre.

« J’ai appris avec le plus vif plaisir l’occupation d’Ondourman par l’armée anglo-égyptienne, la destruction des bandes du khalifat et la disparition définitive du madhisme dans la vallée du Nil. Je serai, sans doute, le premier à présenter mes biens sincères félicitations françaises au général Kitchener, dont le nom incarne depuis tant d’années la lutte de la civilisation aujourd’hui victorieuse contre le fanatisme sauvage des partisans du mahdi.

« Permettez-moi donc, mon général, de vous les présenter