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rades. Vous les rassemblerez ici. Pendant ce temps, je vais rédiger la réponse qu’attendent ces Anglais.

Mangin s’élança sans tarder à la recherche des officiers de la mission.

À tous, il communiqua la lettre si impertinente dans son laconisme, que le général anglais avait fait tenir à Marchand.

Certes il se sentait le plus fort.

Il était assuré en outre d’être soutenu par son pays tout entier.

Sans cela, il n’eût jamais parlé sur ce ton, tout au moins inconvenant.

La lecture de son message provoqua chez tous les officiers une explosion de colère.

Une armée anglaise approchait.

Évidemment on ne pouvait l’empêcher d’emporter la ville de Fachoda.

Eh bien, on tiendrait jusqu’au bout.

On avait de la dynamite. On ferait sauter les maisons, les cabanes.

On s’ensevelirait sous les ruines avec les vainqueurs.

Et Germain, dans un accès de lyrisme, s’écria :

— Sur notre tombe on inscrira : Ils étaient deux cents ; ils sont morts en en tuant dix fois plus à l’ennemi. C’est, pardieu, la plus belle épitaphe pour des soldats.

Cependant tous s’assemblèrent à l’endroit indiqué par le commandant Marchand, que Mangin alla prévenir de leur arrivée.

Le capitaine trouva son chef occupé à terminer sa lettre.

— Je suis à vous dans un instant, dit celui-ci.

– Et, prenant une enveloppe, il y inscrivit la suscription :

Monsieur le Général Kitchener,
à Babiou
(Haut-Nil).

En même temps il parlait :

— Mangin, vous commanderez de corvée huit Sénégalais et un sergent indigène pour porter cette missive. Il est inutile de faire marcher des Français pour cela.

— De suite, mon commandant ?

— Oui, de suite. Aussitôt que vous connaîtrez ma réponse, ils partiront.