Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Enfin il froissa le papier, et les poings serrés, parut menacer un ennemi imaginaire.

— Qu’y a-t-il donc dans cette dépêche, murmurai-je très intrigué ?

M. Le Pailleur s’était approché et regardait aussi.

Soudain un autre personnage accourut auprès du souverain égyptien.

— Bon, grommela le bibliothécaire, le médecin n’a pas tardé à le relancer.

L’Anglais-parlait avec volubilité.

Le Khédive haussa les épaules. Sans répondre un mot au docteur, il lui tourna le dos et s’éloigna, tenant toujours dans sa main le télégramme froissé.

Il semblait fou de colère, absolument hors de lui.

Eh bien, dans la journée, nous apprîmes la bataille d’Ondourman, le triomphe de Kitchener, l’écrasement des mahdistes.

Voilà les nouvelles qui avaient tant irrité Abbas-Himli.

Pauvre prince !

Encore un prisonnier des Anglais, celui-là. Il supporte leur joug avec peine. Un de ces jours il tentera de se révolter et alors… On meurt vite quand on ne comprend pas l’honneur d’être protégé par les Anglo-Saxons.

Mais je tombe en plein tragique, et je voulais seulement te faire connaître une petite observation curieuse.

Je m’arrête. Écris-moi. Parle-moi de tout et surtout de toi.

Et serre la main que te tend affectueusement,

Ton ami,
Charles.

Ce petit tableau, reproduit par un spectateur, est dédié à certains anglophiles qui prétendent l’Égypte heureuse de la domination britannique.

Le fait se passe de commentaires.