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leur colonie du Cap à l’Égypte, qu’ils considéraient déjà comme un pays conquis. Quel rêve pour eux, qu’un chemin de fer qui irait du Cap au Caire ! Ils se remirent à l’œuvre ; ils tâchèrent d’entourer le Soudan de territoires alliés, d’où la tentative de convention anglo-belge et l’occupation d’une partie de l’Abyssinie par les Italiens.

Puis leurs agents libres, lancés à foison, répandirent l’or parmi les libres tribus du Soudan.

On acheta tout ce que l’on put acheter. C’était à la cavalerie de Saint-Georges que l’on voulait devoir le succès définitif.

Mais la formation de la mission Congo-Nil, ses premiers succès modifièrent les plans du gouvernement britannique.

On a vu comment avait été créé de toutes pièces le dernier soulèvement mahdiste.

Il n’était qu’un prétexte à la formation d’une armée puissante sur le Nil afin, qu’en tout état de cause, les Anglais eussent la supériorité du nombre.

Deux mille hommes, armés de fusils à tir rapide, eussent eu raison des bandes du Khalife.

On en rassembla trente mille, avec de l’artillerie, de la cavalerie, sous les ordres de Kitchener, qui prit le titre de sirdar, lequel correspond en égyptien au grade de général.

De la sorte, l’expédition anglaise semblait égyptienne.

Avec une adresse remarquable, les Anglo-Saxons n’avaient pas voulu négliger même ce détail de mise en scène, le titre du chef de l’armée.

Tandis que la mission Marchand se frayait péniblement un passage à travers les régions inconnues du centre africain, l’armée du sirdar remontait le Nil, à petites journées.

Des canonnières reconnaissaient le fleuve.

On établissait à mesure le chemin de fer, continuant la grande ligne du Nil dont le point terminus est Alexandrie.

Les sections techniques assuraient en même temps les communications télégraphiques.

Ainsi les Anglais gagnèrent Berber, puis Karthoum, ancienne cité, aujourd’hui à peu près ruinée, et qui a été détrônée par Ondourman, créée à l’Est.

Ce fut en ce point que le sirdar Kitchener reçut le rapport de M. Doves, l’agent libre, rapport qui lui apprit l’arrivée à