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Lui, Fadel ne résisterait pas à l’appel divin.

Dès le lendemain, il se présenterait à Fachoda et il signerait avec le chef blanc un traité d’amitié et d’alliance.

Il le reconnaîtrait comme son suzerain.

Dire la joie du commandant est impossible.

La décision du sultan Fadel était la consécration définitive, officielle, indiscutable de tous les traités conclus déjà avec les cheiks des divers districts du pays chillouk.

Sans tarder il répondit à Fadel, l’assurant de son affection et du plaisir qu’il aurait à le voir le lendemain.

Le courrier, sans vouloir se rafraîchir, ni se reposer, repartit aussitôt.

Le lendemain, au milieu du jour, une cavalcade imposante arriva à Fachoda.

Deux cents guerriers, armés de lances, faisaient caracoler leurs chevaux.

En tête du cortège chevauchait fièrement le sultan Fadel, au-dessus de la tête duquel quatre cavaliers soutenaient un dais d’étoffe verte.

Marchand reçut le dignitaire avec courtoisie.

Mangin, Baratier, le lieutenant Fouque entouraient le commandant.

Après échange des longues politesses africaines, le traité, préparé par les soins du chef de la mission Congo-Nil, fut lu solennellement par Landeroin, puis par un secrétaire ou Kogé du sultan.

Après quoi, les signatures furent apposées.

Ce fut une joie générale.

La France semblait établie à jamais sur les rives du Nil.

Tout, tout ce qui avait été demandé au commandant, ce qui avait été indiqué comme but à cet énergique officier, était réalisé.

Avec des moyens insuffisants, il avait fait ce que nul avant lui n’avait pu même esquisser.

Dans son esprit, il ratait bien un point noir :

L’armée anglaise, concentrée autour de Khartoum.

Mais avec sa bonne foi de soldat, il pensait que l’Angleterre ne pourrait que s’incliner devant le fait accompli.

Pauvre grande âme d’officier, il n’était point en état de comprendre les louches compromissions de la diplomatie !