Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cependant Marchand a transmis ses ordres aux chefs des divers détachements.

Les fusils cessent de prendre pour objectif la colonne de débarquement.

Ils se dirigent vers la flottille.

Mais les Sénégalais ne tirent point.

On leur a dit d’attendre le coup de sifflet du commandant.

Et ils attendent impassibles, tandis que les vapeurs mahdistes approchent, continuant une canonnade endiablée.

Deux hommes tombent, grièvement blessés.

Un autre s’abat à son tour sur le sol.

On attend toujours.

Les bateaux ne sont plus qu’à quatre cents mètres. Ils vont arriver en face des tranchées.

Des chalands part une fusillade nourrie.

Deux Soudanais encore sont atteints.

Les hommes sentent la colère les envahir.

Soudain un coup de sifflet strident déchire l’air. C’est le signal. Enfin !

Les deux cents fusils s’abaissent d’un même mouvement.

Deux cents détonations se confondent en une seule, formant un coup de tonnerre.

Et comme une volée d’oiseaux meurtriers, les balles s’envolent en sifflant.

Ah ! c’est un joli remue-ménage à bord des vapeurs et des chalands.

Ces derniers résonnent comme dès chaudrons sous le choc des balles qui, contrairement aux prévisions du marabout Alder, les traversent aisément.

Atteints derrière ce rempart de tôle, qu’ils jugeaient invulnérable, les mahdistes s’affolent.

Leur feu devient irrégulier, de plus en plus mal dirigé.

Ils ne font plus aucun mal à leurs adversaires.

Et la nappe de balles arrive toujours, trouant les coques, les cheminées, hachant les bancs, les agrès.

Alder ordonne de forcer de vapeur.

Les cheminées des canonnières vomissent des torrents de fumée noire.

La marche de la flottille s’accélère. Elle passe devant Fachoda ; elle est passée.