Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les clairons allaient sonner le réveil.

Les tirailleurs occuperaient les retranchements et les tranchées, heureusement achevés avant l’approche de l’ennemi.

Quelques éclaireurs descendraient le cours du fleuve à la rencontre des derviches.

Le commandant lui-même, avec une section, occuperait un poste fortifié en avant des tranchées.

Tout étant ainsi réglé, on attendit.

La matinée se passa sans que l’ennemi parût.

Vers midi seulement, des fumées montèrent au loin sur le fleuve.

Elles se rapprochaient rapidement.

Bientôt on distingua deux canonnières à vapeur, Le Sofia et Le Tefhrich, remorquant plusieurs chalands.

Cette flottille stoppa à deux kilomètres de Fachoda. Un canot s’en sépara aussitôt et, à force de rames, se dirigea vers la ville.

À l’avant de l’embarcation un homme se tenait debout, brandissant au-dessus de sa tête une lance, au bout de laquelle flottait un lambeau d’étoffe blanche.

C’était un parlementaire.

Mangin fut chargé de le recevoir.

Il se porta donc à environ deux cents mètres en avant des retranchements et, quand la chaloupe fut à sa hauteur, il lui fit signe d’aborder en ce point.

L’embarcation obéit et le parlementaire, un bey de l’armée du Khalife, sauta sur la rive.

Docilement il se laissa bander les yeux.

Mangin lui prit le bras et le conduisit ainsi, en dehors du retranchement, sous un bouquet de palmiers où le commandant Marchand attendait l’envoyé.

Parvenu en ce point, le mahdiste fut débarrassé du mouchoir assujetti sur ses yeux.

C’était un grand gaillard aux traits accentués. Sa peau très foncée, l’éclat de son regard audacieux frappaient tout d’abord.

On devinait en cet homme une âme courageuse et violente.

Il salua Marchand par ces paroles :

— À toi, chef des blancs, salut.

Le commandant répondit :

— À toi, visiteur de ma ville, salut.