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quelques milliers de ses hommes contre Fachoda, cela ferait une heureuse diversion en notre faveur.

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J’ai pu, à la faveur de mon déguisement chillouk, pénétrer dans la ville. Une vieille femme, de la secte bakel, me cache chez elle.

Elle me croit un espion du khalife d’Ondourman. Vénérant le Mahdi, elle m’obéit aveuglement.

Baratier partira après-demain, 14 juillet, il explorera le Sobat, afin d’avoir des nouvelles de la mission Djibouti-Fachoda.

Bon voyage. Je pense qu’il rapportera du découragement pour tout le monde.

13 juillet. — Je ne m’étais pas trompé. Ils fortifient Fachoda.

Étonnants vraiment leurs soldats.

Arrivés le 11, après des fatigues extraordinaires, ils creusent, bêchent, fouillent la terre comme des troupes fraîches, après vingt-quatre heures de repos.

L’Angleterre regrettera le Niger, cela est certain.

14 juillet. — Baratier parti avec pirogues ce matin.

Il n’est pas grand ; il ne représente pas la force, selon notre idéal à nous, Anglais.

Étrange chose, ces hommes petits de France qui ont une énergie surhumaine. C’est cette race petite dont il faut se défier.

Souvenons-nous que Bonaparte aussi était de taille exiguë.

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Les soldats du commandant Marchand travaillent avec acharnement.

Ils établissent un bastion, avec casemate blindée.

Certainement, ces gens songent à tenir tête à n’importe qui.

Cela est pénible de voir avancer les travaux dirigés contre nous. J’espère pourtant que les renseignements que rapportera Baratier engageront nos bons amis à la prudence.

Je n’en suis pas sûr, malheureusement, car ces gens ont la folie de la bataille.

Le mieux serait de lancer le Mahdi sur eux. Ils s’entre-détruiraient, et plus ils se feraient de mal plus nous aurions le cœur à la gaieté.