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— Messieurs, notre situation est celle-ci : Nous avons au Nord, en face de nous, une armée anglaise, forte d’environ vingt-cinq mille hommes, plus une armée mahdiste qui compte deux fois plus de soldats.

D’autre part, les renforts que l’on a dû nous expédier de Djibouti ne sont pas arrivés,

Il y aurait donc deux choses à faire.

Remonter le Nil jusqu’à la rivière Sobat et s’informer auprès des tribus riveraines si elles ont entendu parler d’une troupe d’Européens venant de l’Est.

C’est, vous, Baratier, qui devez vous charger de ce soin.

Pendant ce temps, Mangin et moi, nous établirons quelques retranchements autour de Fachoda, afin d’être prêts à toute éventualité.

N’avez-vous aucune observation à présenter.

Les deux capitaines ont répondu :

— Non, aucune. C’est bien vu.

Le conseil était terminé.

Les officiers sont alors revenus sur le rivage.

Blotti dans un champ de mais, je les suis des yeux.

Ils se dirigent vers les anciennes fortifications égyptiennes.

Est-ce qu’ils voudraient les remettre en état ?

Ce serait fâcheux, car, s’ils ne sont pas en nombre suffisant pour résister à notre armée, ils peuvent, une fois retranchés, tenir longtemps et nous tuer du monde.

C’est une troupe d’élite. Nos régiments noirs ne leur sont à aucun point de vue comparables.

En abandonnant aux Français la plus large part des bassins du Niger et du Sénégal, je crois que l’on a eu tort.

On leur a donné ainsi les meilleurs territoires de recrutement de toute l’Afrique.

C’est un danger pour l’avenir.

Notre diplomatie doit tout faire, à mon avis, pour empêcher la constitution de l’armée coloniale française.

Marchand et Mangin parcourent les retranchements. Ils discutent. Je n’ai malheureusement pas d’oreilles dans leur voisinage.

Évidemment ils se préoccupent de mettre la ville en état de défense.

Si l’on pouvait aviser le Mahdi et lui persuader d’envoyer