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— Je suis Français.

— Fringi, toi… pas Igli.

— Non, pas Igli. Bien plus, je suis venu pour te protéger contre eux.

Le chef fit la moue.

Tu as bien peu de soldats, tandis que les Igli…

— En France, interrompit vivement l’officier, nous ne comptons jamais nos ennemis, ceux qui sont là mourront tous avant que nous rendions la ville.

— Mais ceux-là ne sont pas blancs comme toi… Les noirs ne sont pas des Français.

— Tu te trompes, ceux-là ont le même drapeau que moi. Les réponses nettes, précises, du commandant troublaient évidemment le diplomate arabe.

— Que veux-tu donc, demanda-t-il enfin ?

— Prendre possession de Fachoda, au nom de la France, et planter mon drapeau sur la ville.

Du coup Ra-Moeh ne put dissimuler une grimace.

— Et moi, moi… je ne serai donc plus le cheik des Chillouks ?

Toutes ses inquiétudes perçaient dans cette question.

— Bien vite Marchand le rassura.

— Tu conserveras ton autorité, ton titre, si tu es fidèle. Je ne sévirais contre toi que si tu essayais de me tromper.

La face de l’Arabe s’épanouit.

Tu seras le frère aîné[1] de Ra-Moeh. Il parlera par ta bouche et verra par tes yeux.

— Bien, Demain, nous écrirons nos conventions et nous signerons, afin de prouver à tous que tu es le seul cheik des Chillouks et que la France te protège.

Enchanté en apparence, Ra-Moeh sollicita la permission de distribuer aux soldats les fruits et liqueurs dont il avait chargé ses serviteurs.

Elle lui fut octroyée, et bientôt les tirailleurs, les pagayeurs, voire même les Européens, s’abandonnèrent au plaisir de la collation.

Bien simple pourtant, le lunch improvisé.

  1. Locution qui indique le respect, la soumission.