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III

CHEZ LES CHILLOUKS


Fachoda, nom étrange jeté sur la carte ainsi qu’un présage. Car cette appellation a pour racine étymologique les deux mots coptes : Vagota, déformés par le patoisement chillouk.

Et ces mots Vag Ota signifient succès par l’action.

Il est certain que, dans l’avenir, les poètes du pays ne manqueront pas de dire que le lieutenant du prophète qui réédifia l’ancienne cité égyptienne ruinée, la désigna ainsi parce que la divination de l’avenir lui avait annoncé la venue future de la mission Marchand.

Cependant la flottille abordait.

Aussitôt de grands cris s’élevèrent dans la bourgade.

Les habitants, épouvantés par la brusque arrivée des blancs, s’enfermaient dans leurs maisons, se rassemblaient sur les terrasses supérieures, et de là, ils imploraient avec force hurlements et génuflexions la protection d’Allah.

Le cheik, Ra-Moeh, vassal du Mahdi, qui tenait alors les Anglais en échec dans les vastes plaines, situées au nord de Karlhoum-Ondourman, réfléchit.

Le Mahdi, ce prophète inspiré… par des marabouts à la solde d’Albion, avait prêché la guerre sainte.

Sous ses ordres, s’étaient rassemblés cinquante mille[1] « derviches ».

C’était là une force importante, bien capable de chasser les Européens qui, si inopinément, se présentaient devant Fachoda.

  1. Chiffre réel. Les gazettes londoniennes ont parlé de 70.000, voire même de 100.000 derviches, simples exagérations.