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Elle se fit sa servante, attentive au moindre de ses gestes.

Elle ne demandait rien, mais parfois elle touchait la guitare du bout des doigts, prêtant l’oreille, espérant peut-être qu’à ce contact léger, se produirait la musique dont elle était charmée.

On s’était un peu moqué de Gouly qui, très ému par l’attachement de la pauvre créature, avait laissé dire.

Au fond, la vanité des artistes est incommensurable, et l’hommage muet que la petite Nyam-Nyam rendait au talent du virtuose, lui avait été tout droit au cœur.

Aussi, lorsqu’il fut parti pour faire la pointe indiquée au Nord, vers le Bahr-el-Arab, personne ne s’étonna de la disparition de Fasch’aouda.

On crut qu’il l’avait emmenée.

En cela, on se trompait.

La veille même, la négresse avait demandé au lieutenant la permission de le suivre.

Il avait refusé tout net.

Son absence ne serait pas très longue, pensait-il.

Mais il avait à traverser des plaines inexplorées. À quoi bon faire courir à la pauvre petite les mêmes dangers qu’à lui-même.

L’enfant avait paru se résigner.

Elle n’avait pas insisté et s’était retirée, sans que son visage trahît le moindre dépit.

Au matin, Gouly la chercha pour lui adresser une bonne parole.

Mais il ne la trouva nulle part.

Force fut donc au lieutenant de se mettra en marche sans avoir revu Fasch’aouda.

Le soir même, il reçut, avec les deux laptots qui l’accompagnaient, l’hospitalité dans un village :

Une case fut mise à sa disposition.

Mais quelle ne fut pas sa surprise, en y entrant, d’y trouver Fasch’aouda tranquillement installée.

Il voulut se fâcher.

Elle dit :

— Ti rouler colère contre moi. Mi te suivrai pa’ tout ; ou bien mi coucher dans les bois, pour li panthères croquer mi.