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II

FASCH’OUDA et FACHODA.


Tandis que le capitaine Baratier et l’interprète Landeroin passaient par toutes ces angoisses, le commandant Marchand consolidait l’influence française sur les territoires arrosés par le Soueh et les rivières voisines.

C’est à ce moment que le chef de la mission mettait en ordre ses notes de voyage, ses observations topographiques, ethnographiques, géologiques, climatériques, commerciales.

Il se reposait des fatigues de la route en s’imposant un nouveau travail.

C’est alors aussi qu’il écrivait à ses amis ces lettres éloquentes où, en quelques phrases brèves, nettes, frappées au « bon coin de l’écriture française », il résumait, pour les êtres chers, ses états d’âme durant son expédition.

Ainsi il disait en ces lignes d’une simplicité antique, la lassitude qui l’avait pris un instant, lors de sa marche vers le Soueh.

« Je suis écrasé.

Depuis deux années bientôt je ne dors pas.

Ma vie est un corps-à-corps incessant avec tous les genres de difficultés, un saute-mouton perpétuel par dessus toutes les formes d’obstacles. »

Plus loin, il trace plusieurs paragraphes où la tristesse, le pressentiment de l’avenir percent sous l’ironie bien française :

« La santé est excellente sur toute la ligne.

Alors que nous mourions de faim entre Banghi et Zemio, et surtout entre Zemio et Fort-Desaix, et que les dangers de la famine grandissaient à mes yeux, nous nageons ici