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les herbes sont épaisses, il faut une heure pour arriver à la terre.

Pendant ce temps, j’aveugle la voie d’eau avec une couverture, vide le boat et nous l’amenons à terre.

La nuit est venue, à demain la réparation. Le 15, réparation. Le trou a quinze centimètres de long sur dix de large ; le métal est arraché et tordu dans tous les sens.

Nous possédons un marteau pour tout instrument.

Enfin, j’arrive à réparer l’avarie avec deux plaques de bois, une en dessous, une en dessus, serrées à force avec de la peau de notre hippopotame et je calfate le tout.

Le confluent où nous sommes est boisé, mais il n’y a qu’une langue de terre, tous les arbres sont dans l’eau. — Un bras monte vers le Nord, l’autre va vers le Sud-Est.

Je prendrai ce dernier.

Le 16, nous repartons.

Un chenal de cinquante mètres de large et de près de neuf mètres de profondeur.

Le courant est encore plus fort. Suis-je dans la bonne voie ?

Le 17, nous continuons. À cinq heures du soir, nous trouvons un bon campement au confluent d’un gros bras vers le Sud.

Le 18, nous explorons le bras, ou plutôt les bras du Sud ; ils sont tous bouchés par des papyrus, ce ne peut être le chemin.

Le 19, je reprends la marche vers le Nord. Le chenal devient un torrent.

Le 20 au matin, ayant couché sur un banc de sable, je me réveille ; plus de boat.

Le courant l’a entraîné.

Il faut partir à sa recherche, tantôt sur la terre, tantôt dans la vase jusqu’au cou, tantôt à la nage.

Au bout de dix kilomètres, je le retrouve. Nous le ramenons au campement, mais une journée perdue.

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Le 22, nous longeons plusieurs villages, mais les habitants refusent de parler et ne veulent rien nous vendre.

Trouverait-on beaucoup de soldats comme ces noirs qui, crevant de faim depuis près de deux mois, n’iraient pas piller des villages aussi peu hospitaliers ? C’est pourtant ce qu’on