À midi, nous débouchons dans une succession de mares couvertes de nénuphars.
Il n’y a presque plus d’eau, les hommes tirent le boat sur la vase dans laquelle ils s’enfoncent jusqu’aux aisselles.
C’est le marais à perte de vue ; de la vase se dégage, une odeur effroyable.
À trois heures, il n’y a plus d’eau du tout ; je fais signe aux Djinquis que je m’arrête.
Ils me font signe de leur côté qu’ils reviendront demain, que je puis coucher là.
Coucher où ?
Un banc de vase à peu près asséché est à cent cinquante mètres à gauche ; à grand’peine nous parvenons à décharger le boat sur ce banc et nous couchons sur cette vase.
Il nous reste cent grammes de riz à chacun par jour et pour cinq jours.
Le 1er février, les guides reviennent à neuf heures.
Impossible d’obtenir qu’ils nous apportent des vivres.
Nous nous traînons sur la vase.
Enfin, à midi, nous débouchons dans un lac. De l’eau ! De l’eau et de l’oumn-souf, mais de terre, point.
À trois heures, les guides nous lâchent.
J’essaye de continuer seul, mais comment trouver le chenal ? où crever les barrages qui se montrent de tous côtés ?
À cinq heures, je m’arrête ; nous trouvons un morceau de vase à peu près sèche, et nous couchons là.
Il fait diablement faim !
Le 2 février, les guides reparaissent encore ; le soir, nous ne trouvons, pour passer la nuit, que le plancher d’herbes et nous restons assis sur nos cantines.
Pas de feu et pas de cuisine !
Le 3, même navigation, nous trouvons un petit îlot ; au moins nous serons au sec, mais la faim ne diminue pas !
Le 4, à midi, nous débouchons dans une vraie mer, mais, hélas ! à cinq heures, nous rentrons dans les herbes.
Campement sur les herbes.
Le 5, les herbes sont plus hautes et plus épaisses que jamais ; elles n’ont pas de racines, on ne peut plus se haler dessus et il y a trop de fond pour les perches.
Qu’allons-nous devenir ?
Impossible de faire approcher les guides.