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C’est une gerbe de flammes, une mitraille de roches pulvérisées.

Mais à peine la fumée bleuâtre de l’explosif s’est-elle dissipée que nos soldats, européens et noirs, bondissent en avant.

Ils s’engouffrent dans les cavernes comme un tourbillon.

Rien ne leur résiste.

L’ennemi, surpris par cette attaque soudaine, est décimé.

Des prisonniers nombreux restent entre les mains des vainqueurs, et parmi eux, le chef Mabiala Niganga est mortellement blessé.

Désormais la révolte est décapitée.

Des colonnes volantes sont lancées dans toutes les directions. Les villages se soumettent ou sont détruits.

Terrifiés, comprenant enfin que ni forêts, ni rivières, ni fièvres, ne peuvent arrêter les Français, les indigènes se soumettent.

Et, réaction comique, ces nègres qui, la veille, combattaient pour la liberté, sollicitent la domesticité. Ils demandent à être engagés comme porteurs.

C’est le salut.

Le premier acte du drame tire à sa fin[1].

Grâce à la bonne volonté des populations, toutes les charges sont amenées à Brazzaville, où, le 8 novembre, quatre mois après l’arrivée de Marchand à Loango, la mission se trouve enfin réunie.

L’énergie, déployée par le commandant Marchand dans cette passe difficile, était bien pour inquiéter les agents anglais qui, du quai de Léopoldville, observaient avec une rage continue.

— Que dois-je faire à votre avis, Jane, demanda enfin Mister Bright, qui sollicitait volontiers les conseils de sa capricieuse fille ?

— La question est mal posée, mon père.

— Vous trouvez ?

  1. La campagne avait duré trois mois. En marches et contremarches, les troupes avaient parcouru près de 1.500 kilomètres, et cela était un simple petit supplément à l’effrayant voyage qu’allait entreprendre la mission. Car l’itinéraire Congo-Nil, commençait seulement à Brazzaville. Quinze cents kilomètres par-dessus le marché, dans des forêts épaisses, des vallées fortifiées par un ennemi cent fois en nombre…, après cela, on pouvait tout espérer du chef et des soldats.