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CHAPITRE PREMIER

L’EXPLORATION DU BAHR-EL-GHAZAL


Établie à Port-Desaix, sur le Soueh, la mission avait été péniblement affectée par une nouvelle, mise en circulation parmi les peuplades noires.

Des Européens, disait-on, avaient paru sur le Nil, se dirigeant vers Fachoda, objectif de la colonne Marchand.

Impossible de se renseigner complètement.

Le capitaine Baratier offrit alors de s’enfoncer dans les marais, et quoiqu’il semblât se condamner à la mort, en s’engageant, pendant la saison des basses eaux, dans les solitudes marécageuses du Bahr-el-Ghazal, sa courageuse proposition fut acceptée.

De tous les incidents qui ont marqué les étapes glorieuses de la mission Marchand, aucun peut-être n’a atteint l’intensité dramatique de la reconnaissance du Bahr-el-Ghazal, de Fort-Desaix au Nil par le capitaine Baratier.

Lui-même l’a racontée en soldat que rien n’émeut, que rien n’abat.

C’est un sentiment de respect, nous dirions presque d’affection profonde, qui nous pousse à laisser la parole au héros de cette exploration.

Nul ne pourrait dire mieux.

Nul ne pourrait dire davantage.

C’est une âme de soldat qui palpite dans ces lignes rapides, un soldat dont Marchand lui-même disait à cette époque : « Je suis sans nouvelles de Baratier ; mais je suis tranquille, les hommes comme nous ne finissent pas en Afrique. »

Et maintenant, capitaine Baratier, parlez :

Fort-Desaix, 29 mars 1898.

…Marchand ne pouvait lancer plus de deux cents hommes