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Partant il était dans l’impossibilité absolue de recruter assez de travailleurs, pour mener à bonne fin une route aussi longue qu’il venait d’être dit.

Enfin M. Liotard avait considéré dès le début son expédition comme une simple mesure d’appui, sur le flanc gauche de la mission Congo-Nil, avec laquelle il n’avait aucune raison de jouter de vitesse, avant laquelle il ne songeait pas à atteindre le Nil.

Ces réflexions se succédèrent dans l’esprit du commandant, en bien moins de temps qu’il n’en faut pour les écrire.

Leur résultat fut que, se tournant vers le sous-officier, le commandant dit :

— Amenez vos prisonniers.

— Où cela, mon commandant ?

— Ici. Je les interrogerai en présence de ces messieurs. Nous avons tous été à la peine ensemble. S’il y a un nouvel effort à faire, nous le ferons ensemble.

Et comme tous les assistants baissaient la tête en signe d’assentiment, le sous-officier qui gagnait déjà la porte, s’arrêta pour dire :

— Vous savez, mon commandant, que s’il y a un coup de collier à donner, tous les gradés en seront avec plaisir.

— Mais, mon ami, j’en suis bien sûr, répliqua Marchand de cette voix douce et grave qui lui gagnait le cœur de ses subordonnés.

Et, après un court silence.

— Vous resterez ici pendant l’interrogatoire… voilà ma réponse à votre observation.

La figure du sergent s’illumina de contentement. Il fit le salut militaire et sortit.

Après son départ, personne ne parla. L’inquiétude de tous était trop grande, trop intense. Ce qu’avait pensé tout bas le commandant, les officiers l’avaient pensé comme lui.

L’attente du reste ne fut pas longue.

Le sous-officier reparut, poussant devant lui deux grandes filles dinkas qui promenaient autour d’elles des regards effarés.

— Landeroin, ordonna Marchand s’adressant à l’interprète, dites à ces femmes qu’on ne leur fera aucun mal. Ajoutez seulement que je désire apprendre d’elles comment elles ont su la présence d’une autre mission sur le Nil.