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faire rayonner les reconnaissances au Nord, à l’Ouest et au Sud.

Quant à l’Est, il fallait renoncer à s’en occuper pour l’instant.

Toute la contrée ne formait qu’un immense marais, à travers lequel les cours d’eau, dont le débit avait considérablement diminué, se frayaient difficilement un passage, au milieu des roseaux, des bambous et des herbes.

Chaque semaine, une ou plusieurs expéditions partaient dans diverses directions ; on les attendait chaque fois avec moins d’anxiété.

L’habitude de vaincre les obstacles avait donné à tous une confiance sans bornes dans leurs chefs et dans leurs propres forces.

Les explorations revenaient. Elles rapportaient des renseignements, des traités.

L’enseigne de vaisseau Dyé faisait le levé hydrographique du Soueh.

Il y avait entre les hommes, les gradés, les officiers une émulation soigneusement entretenue par le commandant !

Et puis, des négociations sans fin avec les tribus guerrières dinkas. Tantôt on palabre durant des semaines avec les nègres retors. On répète sans cesse les mêmes choses, les mêmes demandes. Et sans cesse les noirs éludent la question.

Il faut les fatiguer par une ténacité supérieure à la leur.

Il faut, sous ce climat torride, en face de la plus irritante force d’inertie, demeurer calme, impassible, avoir la patience de ceux qui sont certains de ne jamais faiblir.

Car, avant tout, il faut ne pas ameuter le pays tout entier contre la petite expédition.

Il est nécessaire de se créer des amitiés, des alliés.

Parfois, cependant, certaines tribus, trompées par le calme de Marchand, attribuent sa mansuétude à la peur.

Alors les chefs deviennent insolents. Le commandant rompt aussitôt les pourparlers. En deux ou trois jours, une colonne volante est formée. Et l’on punit ceux qui ont voulu abuser de la faiblesse supposée de la mission.

Peu à peu l’influence française s’étend.

Elle gagne de proche en proche.

Et bientôt on peut diviser les provinces du Bahr-el-Ghazal